La lutte anti-limaces à de l'avenir Les couverts végétaux ont-ils un impact sur le risque limaces en cultures ?
Un sol couvert peut générer une population de limaces supérieure. Plus le garde-manger est fourni, plus elles sont fécondes. Alors quel impact peuvent avoir les couverts végétaux sur le risque d’attaque des cultures ? On fait le point.
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L’hypothèse d’un couvert qui fasse diversion sur la culture d’intérêt est envisageable. Ainsi, la limace serait moins vorace sur les plantules cultivées. C’est toutefois sans compter sur le fait que la limace est un ravageur complexe.
La limace a des préférences alimentaires
Bien que la littérature scientifique soit peu fournie, une étude Suisse menée sur trois ans par AGROSCOPE, l’Institut des sciences en durabilité agronomique, amène quelques éléments de réponse, notamment sur le niveau d’appétence de certains types de couverts.
Les tests ont été réalisés avec la limace grise (Deroceras reticulatum) en conditions extérieures contrôlées. 25 espèces de plantes différentes ont été testées à plusieurs stades.
Ce qu’il faut retenir dans un premier temps, c’est qu’un tiers des espèces testées, dont le nyger, la vesce velue, le trèfle de Perse, l’avoine rude, la cameline, le seigle fourrager et le trèfle d’Alexandrie, présentaient une perte de feuille de l’ordre de 75 à 100 % après dix jours.
Des espèces comme la serradelle, la phacélie et la moutarde sarepta présentaient des valeurs d’attaque inférieures à 50 % et d’autres, comme l’avoine fourragère, le sarrasin, la moutarde blanche, la féverole commune et le lin cultivé étaient peu voire pas du tout endommagées.
Il semble donc que la limace ait quand même quelques préférences.
Attention, certaines espèces dopent sa fécondité !
L’étude met en évidence que l’attrait de certains types de couverts peut être modifié par le stade phénologique. Des tests de fécondité ont été menés et ont montré que le taux de limaces écloses varie en fonction des espèces testées.
On retiendra que colza, féverole commune, tournesol, pois cultivés puis dans une moindre mesure la vesce velue, dopent la fécondité des gastéropodes.
En revanche, le niveau de fécondité le plus bas enregistré est observé avec le sarrasin, l’avoine rude et le lin cultivé. « Dans le cadre d’un projet Casdar, Resolim, nous avions aussi observé une forte sensibilité du colza et du trèfle et qui se traduisait aussi par une prise de poids des limaces », ajoute Marion Puysservert Responsable Technique DE SANGOSSE.
Alors, il faut réfléchir les modalités de couverts à l’échelle parcellaire
Entre deux cultures, si la présence d’un couvert est susceptible de contribuer à une augmentation des populations de limaces, on peut envisager sa destruction comme un premier levier de lutte.
En effet, une destruction mécanique permet de limiter le risque, dans la mesure où le travail du sol permet de détruire les habitats des limaces. Ce qui est important en second lieu, c’est la date de destruction. Détruire précocement permet de priver la limace de sources de nourriture.
Mais qui dit qu’elle ne reviendra pas encore plus affamée au moment des semis ? Il faut vraiment chercher à travailler sur tous les tableaux.
Dans le cas de couverts permanents, les observateurs notent qu’une plus grande diversité d’espèces cohabite sur la parcelle. Il est établi que les limaces consomment en permanence, mais qu’elles peuvent être moins gênantes dans la mesure où elles ont une plus grande diversité de ressources alimentaires. Les couverts permanents contribuent à un certain équilibre de l’agrosystème, la plus grande diversité d’espèces présentes implique aussi celle de la faune auxiliaire.
Ainsi, pour Marion Puysservert « Évaluer la pression exercée par les limaces par le biais du piégeage, permet d’acquérir ses propres référentiels. Il est plus facile alors d’appréhender les conditions dans lesquelles on a des dégâts et d’établir sa propre stratégie. Dans le cas de couverts permanents, il est recommandé de faire de l’application d’anti-limaces sur le rang au moment du semis. Imaginez-vous à la place de la limace, la présence du couvert, c’est comme se retrouver dans une jungle. Il faut donc, avec des solutions adaptées en termes de granulométrie, positionner le produit au plus près de la culture. »
Couverts intermédiaires ou permanents et limaces peuvent faire bon ménage, mais ce n’est pas irrémédiable. Le choix du couvert, le piégeage, le mode et la date de destruction et des méthodes adaptées de lutte permettent une protection efficace des cultures.
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